L’absence (Serge Reggiani)

C’est un volet qui bat

C’est une déchirure, légère

Sur le drap où naguère

Tuas posé ton bras

Cependant qu’en bas

La rue parle toute seule

Quelqu’un vend des mandarines

Une dame bleu marine

Promène sa filleule

 

L’absence, la voilà

L’absence d’un enfant, d’un amour,

L’absence est la même

Quand on a dit " je t’aime " un jour,

 

Le silence est le même

 

C’est une nuit qui tombe

C’est une poésie, aussi

Où passaient les colombes,

Un soir de jalousie,

Un livre est ouvert,

Tu as touché cette page,

Tu avais fêlé ce verre,

Au retour d’un grand voyage,

Il reste les bagages

 

L’absence, la voilà

L’absence d’un enfant, d’un amour,

L’absence est la même

Quand on a dit " je t’aime " un jour,

Le silence est le même

C’est un volet qui bat,

C’est sur un agenda, la croix

D’un ancien rendez-vous

Où l’on se disait vous

Les vases sont vides

Où l’on mettait des bouquets

Et le miroir prend des rides

Où le passé fait le guet

J’entends le bruit d’un pas

 

L’absence, la voilà

L’absence d’un enfant, d’un amour,

L’absence est la même

Quand on a dit " je t’aime " un jour,

Le silence est le même

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Maj 27/04/2003