Marguerite BARET

Ne reste pas dans ton silence,
Dis-moi l'espace où te trouver.
Fais se briser le mur d'absence,
Ô mon enfant, tôt envolé.

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William BLAKE

Une âme

C’est çà la mort.
Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Quelqu’un à côté de moi dit :
« il est parti ».
Parti vers où ? Parti de mon regard, c’est tout.
Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
Et juste au moment où quelqu’un auprès de moi dit :
« il est parti »,
il y en a d’autres qui, le voyant pointer à l’horizon et venir vers eux,
s’exclament avec joie :
« le voilà ».

C’est çà la mort.  

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J. V. CHENEY

Une âme n'aurait pas d'arc-en-ciel
Si les yeux n'avaient pas de larmes.

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Georges DUHAMEL :

Ballade de Florentin Prunier (Elégies) :

Il a résisté pendant vingt longs jours
Et samère était à côté de lui.

Il a résisté Florentin Prunier,
Car sa mère ne veut pas qu'il meure.

Dès qu'elle a connu qu'il était blessé,
Elle est venue, du fond de la vieille province.

Elle a traversé le pays tonnant
Où l'immense armée grouille dans la boue..

Son visage est dur sous la coiffe raide :
Elle n'a peur de rien ni de personne.

Elle emporte un panier avec douze pommes,
Et du beurre frais dans un petit pot.

Toute la journée elle reste assise,
Près de la couchette où meurt Florentin.

Elle arrive à l'heure où l'on fait du feu
Et reste jusqu'à l'heure où Florentin délire.

Elle sort un peu quand on dit : "Sortez !"
Et qu'on va panser la pauvre poitrine.

Elle resterait s'il fallait rester :
Elle est femme à voir la plaie de son fils.

Ne lui faut-il pas entendre les cris,
Pendant qu'elle attend, les souliers dans l'eau ?

Elle est près du lit comme un chien de garde,
On ne la voit plus manger ni boire.

Florentin non plus ne sait plus manger :
Le beurre a jauni dans son petit pot.

Ses mains tourmentées comme des racines
Etreignent la main maigre de son fils.

Elle contemple avec obstination
Le visage blanc où la sueur ruisselle.

Elle voit le cou, tout tendu de cordes,
Où l'air en passant, fait un bruit mouillé.

Elle voit tout ça, de son oeil ardent
Sec et dur comme la cassure d'un silex.

Elle regarde et ne se plaint jamais :
C'est sa façon, comme ça, d'être mère.

Il dit :"Voilà la toux qui prend mes forces."
Elle répond :"Tu sais que je suis là !"

Il dit : "J'ai idée que je vas passer."
Mais elle : "Non ! Je ne veux pas, mon garçon !"

Il a résisté pendant vingt longs jours,
Et sa mère était à côté de lui,

Comme un vieux nageur qui va dans la mer
En soutenant sur l'eau son faible enfant.

Or, un matin, comme elle était bien lasse
De ses vingt nuits passées on ne sait où,

Elle a laissé aller un peu sa tête,
Elle a dormi un tout petit moment ;

Et Florentin Prunier ets mort bien vite
Et sans bruit, pour ne pas la réveiller.

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Paul ÉLUARD

J’ai écrit ton nom sur le sable

J’ai écrit ton nom sur le sable,
mais la vague l’a effacé.
J’ai gravé ton nom sur un arbre,
mais l’écorce est tombée.
J’ai incrusté ton nom dans le marbre,
mais la pierre a cassé.
J’ai enfoui ton nom dans mon coeur,
et le temps l'a gardé.

 

Présence

Lorsque tu es parti à cause d’un accident,
Ils t’ont tous éloigné du monde des vivants
Et, avec de la terre ils t’ont bien recouvert.
Pour eux, quelle évidence, tu n’étais plus présent.

Nul d’entre eux ne se doute que tu es encore là
Et, qu’à chaque matin, je repars avec toi.
Même si au long de l’hiver la trace de tes pas
Sur le blanc du chemin jamais plus ne se voit.

Que m’importe de te voir pour croire en ta présence.
A travers l’ombre noire, je te sais près de moi.
Mon bonheur d’aujourd’hui reste celui d’antan.
L'essentiel est pour moi que tu sois toujours là ! "

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Pierre EMMANUEL:

Ces morts... (La liberté guide nos pas)

Ces morts, ces simples morts sont tout notre héritage,
Leurs pauvres corps sanglants resteront indivis.
Nous ne laisserons pas en friche leur image,
Les vergers fleuriront sur les prés reverdis...

Que ces printemps leur soient plus doux qu'on ne peut dire,
Pleins d'oiseaux, de chansons et d'enfants par chemins.
Et comme une forêt autour d'eux qui soupire
Qu'un grand peuple à mi-voix prie en levant les mains.



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Victor HUGO

L'humble enfant que Dieu m'a ravie,
Rien qu'en me regardant savait m'aimer,
C'était le bonheur de ma vie,
Que de mes yeux la contempler...

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Frédéric MISTRAL

Heureux donc qui prend les peines et qui en faisant le bien s'épuise ;
et qui pleure, en voyant pleurer les autres ;
et qui jette le manteau de ses épaules sur la pauvreté nue et pâle ;
et qui avec l'humble s'abaisse, et pour celui qui a froid fait briller son foyer

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Sully PRUDHOMME :

Les yeux

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours,
Et les yeux se sont remplis d'ombre

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible.

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent !

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autrecôté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.


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Damien SAEZ

Le ciel ne sera plus jamais
Aussi noir qu'il a été ce jour là,
Comme un soleil ensorcelé,
Tes yeux se perdent dans mes nuits.
Depuis que t'es monté la-haut
ici, moi, je me sens toujours de trop.
Si, un jour, tu veux redescendre,
Sache que mon coeur est ouvert
Et qu'il saigne à n'en plus comprendre
Où est l'éden, où est l'enfer !!!

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Simone VEIL

Il restera de toi ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s'est pas fanée.


Ce que tu as donné en d'autres fleurira.
Celui qui perd sa vie un jour la trouvera.


Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils,


Ce que tu as souffert en d'autres revivra.
Celui qui perd sa vie un jour la trouvera.


Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton coeur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.


Ce que tu as semé en d'autres germera.
Celui qui perd sa vie un jour la trouvera.


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Paul VERLAINE

Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté, c'est notre vie,
Que de la haine etd e l'envie,
Rien ne reste la mort venue...
Allez, rien n'est meilleur à l'âm
Que de faire une âme moins triste !

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Auteur : Inconnu

Blessé, il me regarda
De son regard, je fus touché
Tant de tristesse d’être blessé,
Tant de mal à le regarder
Dans son regard, le coeur gros ,je le comprends
Pendant ce moment, pendant un instant, tout s'arrête,
Juste les chants de ses amis, sous un dernier rayon de soleil,
Comme pour un dernier au revoir,
Doucement, les yeux commencent à lui fermer,
Doucement, une larme coule sur ma joue
Doucement, je le dépose à son dernier repos
Tant de différence, tant de ressemblance
Tant de choses dans un regard,
Sans rien dire, sans parler,
Juste écouter avec les yeux du coeur,
Le soir au coucher, une pensée,
Dans la nuit, pendant mon sommeil,
il revint,
Un regard, un clin d'oeil, les yeux brillants,
Il prit son envol, volant toujours plus loin, toujours plus haut
Vers la liberté !

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Maj 14/04/2004

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