A QUI NA PAS AIME (Gérard MANSET)
A qui na pas connu lamour, na pas aimé
A qui na pas touché ses lèvres embaumées
Na pas senti sur lui son regard lourd
Ses yeux de maladie, de fièvre désarmée
A qui na pas touché du doigt la plaie profonde
La déchirure de lêtre aimé que tout inonde
Lor quest devenu sans quon lait voulu
Le quotidien des choses de la banalité
Comme une plante arrachée
A la terre au fumier
Comme une main quon a lâchée
Mais cest sans doute là-haut dans la félicité
Que ces deux-là seront atteints de cécité
Et réunis sans devoir se cacher
Aveugles sur le monde et sur sa cruauté
Comme une plante arrachée
A la terre au fumier
Comme une main quon a lâchée
A qui na pas subi sur lui cette caresse
A qui na pas touché du doigt cette herbe épaisse
Qui frissonne et se courbe comme avant
Mais ces trous sont ses yeux par où passe le vent
Et tout ceci finit par m être indifférent
Peut-être disparaître dans le pli du néant
Davoir été ensemble, de nêtre plus
Que ce qui dans les larmes et dans leau se dilue
Comme une plante arrachée
A la terre au fumier
Qui par sa tige reste attachée
Et ne peut ni grandir ni périr ni passer
Simplement dépérir
A qui na pas connu
Na pas aimé
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A quoi sert le passé ( Gérard Manset )
A quoi sert le passé,
Les hommes, les bêtes qu'on a vus,
Les fontaines qu'on a bues,
Tout est toujours menacé,
La borne sur le fossé,
Le combat à mains nues
Même la pierre s'est effacée,
Où les noms étaient enlacés,
Sous la pluie fine et glacée,
Même le chêne sera couché,
Entre deux fleurs séchées,
Tandis que je m'en vais marcher,
Vers le futur,
Caricature,
Comme l'écorce est au fruit,
De ce qui fut,
De ce qui fuit,
De ce qui fut
Une rivière enchantée,
Une rivière...
Le merle et la grive ont chanté,
Mais qui donc les a entendus,
Dans le jardin, dans le verger,
Si chacun fut pâtre ou berger,
Quelque chose a bien du changer,
Qu'on ne reconnaît plus
A quoi sert le passé,
Les hommes, les bêtes qu'on a vus ?
Les jouets sont maintenant brisés
A quoi sert de s'être connu
A quoi sert de s'être aimés,
Si tout ça sans eux continue ?
Même la pierre s'est effacée,
Là où ils s'étaient embrassés,
Où ils s'étaient dit tout
Y a-t-il un chêne encore debout,
Entre deux fleurs séchées,
Tandis que je m'en vais marcher,
Vers le futur,
Vers l'ossature ,
Comme l'écorce est au fruit,
De ce qui fut,
De ce qui fuit,
De ce qui fut
Une rivière enchantée,
Une rivière...
Y a-t-il la moindre trace de boue,
Oùuse sont-ils aimés debout,
Dans les soieries et les tissus,
Qu'il parle celui qui l'a su,
Mais tout se dissout, tout s'est bu,
Comme coupe de cigüe,
Dans les soieries et les tissus,
Qu'il parle celui qui l'a su,
Mais tout s'est dissout...
Jusqu'aux ors de Mysore,
Jusqu'aux rivages de Cebu
Jusqu'aux ors de Mysore,
Qu'il parle celui...
Mais tout s'est dissout...
Dans les soieries et les tissus,
Comme coupe de cigüe,
Mais tout s'est dissout...
Dans les soieries et les tissus...
Comme une coupe de cigue
Mais tout s'est dissout...
Dans les soieries
Comme une coupe,
Comme une coupe de cigüe,
Comme une coupe de...
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Attends que le temps te vide ( Gérard Manset )
Attends
Que le temps
Te vide
Comme un oeuf,
Sors de ta coquille,
Comme un chien
Dans un jeu de quilles,
Dans un jeu de quilles,
Oublie d'où tu viens
Oublie d'où tu viens
Le fer et la grille,
Le bâtiment neuf,
Comme une arme brille
Dans ta main,
Sur le mur humide,
Trace
Ton chemin,
Mais n'oublie pas
Que le temps te changera
Non, n'oublie pas,
Que le temps...
Attends
Que la vie
T'ait prise
Dans sa main,
Que ton poing se brise
Contre le sien,
L'habitude est prise,
On sait d'où tu viens,
Mais le fer et la grille,
C'est la porte qui s'ouvre enfin,
L'ombre d'une fille
Qui marche le long d'un train,
Dans ce jeu de quilles
On te tire,
On te tient
Mais n'oublie pas,
Que le temps te changera,
Non, n'oublie pas,
Que le temps...
Dans ce jeu de quilles
On te tire...
Le fer et la grille,
Le bâtiment neuf,
A l'aube
On t'habille,
Tu te lèves,
Vers le mât qui brille
Tu marches,
C'est la fin...
Mais n'oublie pas,
Que le temps te changera,
Non, n'oublie pas,
Que le temps...
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Est-ce ainsi que les hommes meurent ? ( Gérard Manset )
Depuis bien longtemps déjà, jai cessé décrire,
Cesser de lever les yeux, cessé de relire,
Dans le parc, devant la grille, les hommes arrivent,
Et juste une trace de pas, le long des rives
Et juste une trace de pas, le long des rives
Depuis bien longtemps, je ne ... dirige plus les musiciens,
Depuis bien longtemps, laissé ... pendu lhabit de magicien,
Dans le parc, devant la mer, les robes blanches,
Enfants fragiles comme du verre, jouent sous les branches,
Enfants fragiles comme du verre, jouent sous les branches,
Est-ce ainsi que les hommes meurent ?
Et leur parfum, au loin, demeure
Et leur parfum, au loin, demeure
Depuis bien longtemps déjà, jai cessé de vivre,
De toucher du bout des doigts ... la tranche des livres,
Dans le parc, devant la rive, des bruits étranges,
Bruissements dailes, lumières, cheveux des anges,
Le bruissement des ailes, les lumières,
Les cheveux des anges...
Depuis bien longtemps déjà, le seul souvenir,
Dune miette de vie encore que je respire,
Dans le parc, devant lallée, le vide immense,
Le bruit des pas sur le gravier de mon enfance,
Le bruit des pas sur le gravier, les ombres dansent...
Est-ce ainsi que les hommes meurent ?
Et leur parfum, au loin, demeure
Et leur parfum, au loin, demeure
Est-ce ainsi que les hommes meurent ?
Et leur parfum, au loin, demeure
Et leur parfum, au loin, demeure
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Et l'or de leur corps (Gérard Manset)
L'esprit des morts veille
Et quand tu t'endors
La lampe allumée
Et l'or de leur corps
Le drap grand ouvert
Cascades et rivières
Chevaux sur les plages
Sable sous les pieds
Et lagons bleutés
L'esprit des morts veille
Qui frappe à la porte
Et toi allongé
Dans ton demi-sommeil
Et l'or de leur corps
Partout t'accompagne
Quand glisse leur pagne
Couleur des montagnes
DSu sable et de l'eau
L'esprit des morts veille
L'ange aux ailes jaunes
Sur fond d emontagne
Et sentier violet
La femme à la fleur
Quand te maries-tu ?
Dans la grande cabane
Qu'il a fait construire
A Hiva-Oa, là où il mourut
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Finir pêcheur ( Gérard Manset )
Un jour, finir pêcheur,
Parce que ça grandit lhomme,
Heureux comme ça,
Pas gagner plus dargent,
Le matin me lever,
Pas connu, pas guetté,
Parce que ça, ça fait mal,
Ça fait mal à lhomme,
La célébrité,
Finir dans leau salée ,
Juste savoir compter,
Vider le sablier,
Puis, tout oublier,
Parce que ça grandit lhomme,
De vivre sans parler,
Vivre sans paroles,
Et dapprendre à se taire,
Regarder sans rien faire,
Regarder san voir,
Les enfants qui dansent
Au bord du miroir
Mais cest toujours trop loin,
Toujours dans le noir,
Inaccessible,
Pareil au coeur de la cible,
Mais cest toujours trop loin
Un jour finir quand même,
Que personne sen souvienne,
Lécrive ou le dise,
Vider sa valise,
Brûler les journaux,
Les tapis, les photos,
Sans rien vouloir apprendre,
Pour que les enfants sachent
Quon va quelque part
Quand on oublie tout,
Quon oublie les coups,
Quon déplie, quon secoue,
Que la folie sattrape,
Quon déchire la nappe,
Maladie, tout à coup,
Que tu portes à ton cou,
Comme un collier de fleurs,
De larmes et de couleurs,
Un jour, finir pêcheur,
Mollusque divin,
Peau de parchemin
Mais cest toujours trop loin,
A portée de la main,
Inaccessible,
Pareil au coeur de la cible,
Mais cest toujours trop loin
Un jour finir meilleur,
Tuer le mal de lhomme,
Se libérer de tout,
Prendre dans la mer,
Les coraux, les vipères,
Tout ça dans la main,
Sans lumière et sans gaz,
Et sans barbe quon rase,
Un jour, finir pêcheur,
Avaler le compteur,
Regarder sans voir,
Le calendrier
Qui tombe en poussière,
Quelle est loin, la terre,
Quelle est loin, la terre,
Le calendrier
Qui tombe en poussière,
Quelle est loin, la terre,
Quelle est loin, la terre,
Le calendrier....
Le calendrier
Qui tombe en poussière,
Quelle est loin, la terre,
Quelle est loin, la terre,
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Il faut toujours se dire adieu (Gérard Manset)
Il faut toujours se dire adieu
Et, devant les jardins déserts,
Se regarder partir,
Ramasser le mouchoir qui tombe à terre,
Et tourner le dos,
Il faut toujours se dire adieu,
Remettre son sort entre les mains de Dieu,
Parc'qu'on sait pas toujours quand l'avion se pose
Et qu'on a peur de perdre et peur de rater quelque chose
Parc'qu'on sait pas toujours quand l'avion se pose
Et qu'on a peur de perdre et peur de rater quelque chose
Et qu'on a peur de perdre et peur de rater quelque chose
Il faut toujours se dire adieu,
Et, devant les arbres mouillés,
Se regarder comme on est,
Savoir qu'on ne se reverra jamais,
Et tourner le dos,
Il faut toujours se dire adieu,
Remettre son sort entre les mains de Dieu,
Parc'qu'on sait pas toujours quand l'avion se pose
Et qu'on a peur de perdre et peur de rater quelque chose
Parc'qu'on sait pas toujours quand l'avion se pose
Et qu'on a peur de perdre et peur de rater quelque chose,
Et qu'on a peur de perdre et peur de rater quelque chose
Il faut toujours se dire adieu
Remettre son sort entre les mains de Dieu,
Il faut toujours se dire adieu
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Maj 31/10/2003