Aimer à perdre la raison ( Jean FERRAT )
Aimer à perdre la raison
Aimer à n en savoir que dire
A n avoir que toi d horizon
Et ne connaître de saison
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
Ah cest toujours toi que l on blesse
Cest toujours ton miroir brisé
Mon pauvre bonheur ma faiblesse
Toi qu on insulte et qu on délaisse
Dans toute chair martyrisée
Aimer à perdre la raison
Aimer à n en savoir que dire
A n avoir que toi d horizon
Et ne connaître de saison
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
La faim la fatigue et le froid
Toutes les misères du monde
C est par mon amour que j y crois
En elle je porte ma croix
Et de leurs nuits ma nuit se fonde
Aimer à perdre la raison
Aimer à n en savoir que dire
A n avoir que toi dhorizon
Et ne connaître de saison
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
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Cest si peu dire que je taime ( Louis ARAGON - Jean FERRAT )
Come une étoffe déchirée
On vit ensemble séparés
Dans mes bras je te tiens absente
Et la blessure de durer
Faut-il si profond quon la sente
Quand le ciel nous est mesuré
Cest si peu dire que je taime
Cette existence est un adieu
Et tous les deux nous navons dyeux
Que pour la lumière qui baisse
Chausser des bottes de sept lieux
En se disant que rien ne presse
Voilà ce que cest quêtre vieux
Cest si peu dire que je taime
Cest comme si jamais jamais
Je navais dit que je taimais
Si je craignais que me surprenne
La nuit sur ma gorge qui met
Ses doigts gantés de souveraine
Quand plus jamais ce nest le mai
Cest si peu dire que je taime
Lorsque les choses plus ne sont
Quun souvenir de leur frisson
Un écho de musique morte
Demeure la douleur du son
Et plus séteint plus devient forte
Cest peu des mots pour la chanson
Cest si peu dire que je taime
Et je laurais dit que je taime
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Heureux celui qui meurt daimer ( Louis ARAGON - Jean FERRAT )
O mon jardin deau fraîche et dombre
Ma danse dêtre mon coeur sombre
Mon ciel des étoiles sans nombre
Ma barque au loin douce à ramer
Heureux celui qui devient sourd
Au chant sil nest de son amour
Aveugle au jour daprès son jour
Ses yeux sur toi seule fermés
Heureux celui qui meurt daimer
Heureux celui qui meurt daimer
Daimer si fort ses lèvres closes
Quil nait besoin de nulle chose
Hormis le souvenir des roses
A jamais de toi parfumées
Celui qui meurt même à douleur
A qui sans toi le monde est leurre
Et nen retient que tes couleurs
Il lui suffit quil tait nommée
Heureux celui qui meurt daimer
Heureux celui qui meurt daimer
Mon enfant dit-il ma chère âme
Le temps de te connaître ô femme
Léternité nest quune pâme
Au feu dont je suis consumé
Il a dit ô femme et quil taise
Le nom qui ressemble à la braise
A la bouche rouge à la fraise
A jamais dans ses dents formée
Heureux celui qui meurt daimer
Heureux celui qui meurt daimer
Il a dit ô femme et s achève
Ainsi la vie ainsi le rêve
Et soit sur la place de grêve
Ou dans le lit accoutumé
Jeunes amants vous dont cest lâge
Entre la ronde et le voyage
Fou sépargnant qui se croit sage
Criez à qui vous veut blâmer
Heureux celui qui meurt daimer
Heureux celui qui meurt daimer
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J'entends, j'entends ( Louis Aragon / Jean FERRAT )
J'en ai tant vu qui s'en allèrent,
Ils ne demandaient que du feu,
Ils se contentaient de si peu,
Ils avaient si peu de colère,
J'entends leurs pas, j'entends leurs voix
Qui disent des choses banales,
Comme on en lit sur le journal,
Comme on en dit le soir chez soi,
Ce qu'on fait de vous, hommes, femmes,
Paupières tendres , toutes usées
Et vos apparences brisées,
Vous regardez ma rache lame
Les choses vont comme elles vont,
De temps en temps, la terre tremble,
Le malheur au malheur ressemble,
Il est profond, profond, profond,
Vous voudriez au ciel bleu croire,
Je le connais ce sentiment,
J'y crois aussi, moi, par moments,
Comme l'alouette au miroir,
J'y crois parfois, je vous l'avoue,
A n'en pas croire mes oreilles,
Ah, je suis bien votre pareil,
Ah, je suis bien pareil à vous
A vous comme les grains de sable,
Comme le sang toujours versé,
Comme les doigts toujours blessés,
Ah je suis bien votre semblable,
J'aurais tant voulu vous aider,
Vous qui semblez autre moi-même,
Mais les mots qu'au vent noir je sème,
Qui sait si vous les entendez,
Tout se perd et rien ne vous touche,
Ni mes paroles, ni mes mains,
Et vous passez votre chemin
Sans savoir ce que dit ma bouche
Votre enfer est pourtant le mien,
Nous vivons sous le même règne,
Et lorsque vous saignez, je saigne,
Et je meurs dans vos mêmes liens,
Quelle heure est-il, quel temps fait-il ?
J'aurais tant aimé cependant,
Gagner pour vous, pour moi perdant,
Avoir été peut-être utile,
C'est un rêve modeste et fou,
Il aurait mieux valu le taire,
Vous me mettrez avec en terre,
Comme une étoile au fond d'un trou
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Pour ce rien cet impondérable
Qui fait quon croit à l incroyable
Au premier regard échangé
Pour cet instant de trouble étrange
Où on entend rire les anges
Avant même de se toucher
Pour cette robe que l on frôle
Ce châle quittant vos épaules
En haut des marches d escalier
Je vous aime, je vous aime
Pour la lampe déjà éteinte
Et la première de vos plaintes
La porte à peine refermée
Pour vos dessous qui s éparpillent
Comme des grappes de jonquilles
Aux quatre coins du lit semées
Pour vos yeux de vague mourante
Et ce désir qui s impatiente
Aux pointes de vos seins levés
Je vous aime, je vous aime
Pour vos toisons de ronce douce
Qui me retiennent et me repoussent
Quand mes lèvres vont s y noyer
Pour vos paroles démesure
La source le chant la blessure
De votre corps écartelé
Pour vos reins de houle profonde
Pour ce plaisir qui vous inonde
En longs sanglots inachevés
Je vous aime, je vous aime
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Les beaux jours ( Jean FERRAT )
Pour
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Mourir au soleil ( Jean FERRAT )
Je voudrais mourir debout
Dans un champ
Au soleil
Non dans un lit aux draps froissés
A lombre close des volets
Par où ne vient plus une abeille
Une abeille
Je voudrais mourir debout
Dans un bois
Au soleil
Sans entendre tout doucement
La porte et le chuchotement
Sans objet des gens et des vieilles
Et des vieilles
Je voudrais mourir debout
Nimporte où
Au soleil
Tu ne serais pas là jaurais
Ta main que je pourrais serrer
La bouche pleine de groseilles
De groseilles
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JNous dormirons ensemble ( Louis Aragon / Jean FERRAT )
Pour
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Nuit et brouillard ( Jean FERRAT )
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.
Ils se croyaient des hommes, nétaient plus que des nombres,
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés,
Dès que la main retombe, il ne reste qu une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été.
La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roue, darrêts et de départs
Qui n en finissent pas de distiller lespoir
Ils s appellaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D autres ne priaient pas, mais qu importe le ciel,
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux.
Ils n arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d oublier, étonnés qu à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues.
Les Allemands guettaient du haut des miradors,
La lune se taisait comme vous vous taisiez,
En regardant au loin, en regardant dehors
Votrte chair était tendre à leurs chiens policiers
On me dit à présent que ces mots nont plus cours
Qu il vaut mieux ne chanter que des chansons d amour
Que le sang sèche vite en entrant dans lhistoire
Et qu il ne sert à rien de prendre une guitare
Mais qui donc est de taille à pouvoir m arrêter
L ombre sest faite humaine, aujourd hui c est l été
Je twisterais les mots s il fallait les twister
Pour quun jour les enfants sachent qui vous étiez
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants,
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent.
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Que serais-je sans toi ? ( Louis Aragon / Jean FERRAT )
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais sans toi quun coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Jai tout appris de toi sur les choses humaines
Et jai vu désormais le monde à ta façon
Jai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
Jai tout appris de toi jusquau sens du frisson
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais sans toi quun coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Jai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Quil fait jour à midi quun ciel peut être bleu
Que le bonheur nest pas un quinquet de taverne
Tu mas pris par la main dans cet enfer moderne
Où lhomme ensait plus ce que cest dêtre deux
Tu mas pris par la main comme un amant heureux
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais sans toi quun coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
Nest-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues
Terre, terre, voici ces rades inconnues
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais sans toi quun coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
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Si je mourais là-bas ( Guillaume Apollinaire / Jean FERRAT )
Si je mourais là-bas sur le front de larmée
Tu pleurerais un jour ô Loup ma bien aimée
Et puis mon souvenir séteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de larmée
Un bel obus semblable au mimosa en fleurs
Et puis ce souvenir éclaté dans lespace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et létoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans lespace
Comme font les fruits dor aux tons de baratiers
Souvenir oublié vivant dans toute chose
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieilliras point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leur destin galant
Loup si je meurs là-bas souvenir quon oublie
Souviens-ten quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et damour et déclatante ardeur
Mon sang cest la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
O mon unique amour ma grande folie
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Tu ne mas jamais quitté ( Jean FERRAT )
Chaque jour que Dieu me donne
Soir dhiver matin dété
Au printemps ou en automne
Tu ne mas jamais quitté
A travers dautres amours
Cest toujours toi que je fuis
Je nai plus assez de jours
Je nai plus assez de nuits
Pou pouvoir toublier mon amour
Et dans la vie je maperçois
Que tout mest inconnu
Je ne sais rien quà travers toi
Mais ma vie continue
Les gens me parlent et je souris
Je ris même aux éclats
Je leur dis non je leur dis oui
Mais au fond de moi
Chaque jour que Dieu me donne
Soir dhiver matin dété
Au printemps ou en automne
Tu ne mas jamais quitté
A travers dautres amours
Cest toujours toi que je fuis
Je nai plus assez de jours
Je nai plus assez de nuits
Pou pouvoir toublier mon amour
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Maj 25/08/2003