IL N'Y A PAS D'AMOUR HEUREUX ( Louis Aragon )

(interprété par Georges Brassens, Marc Ogeret, Françoise Hardy...)

Rien n'est jamais acquis à l'homme, ni sa force,

Ni sa faiblesse, ni son coeur, et, quand il croit

Ouvrir ses bras, son ombre est celle d'une croix,

Et, quand il veut serrer son bonheur, il le broie,

Sa vie est un étrange et douloureux divorce,

Il n'y a pas d'amour heureux

 

Sa vie, elle ressemble à ces soldats sans armes

Qu'on avait habillés pour un autre destin,

A quoi peut leur servir de se lever matin,

Eux qu'on retrouve au soir, désarmés, incertains,

Dites ces mots, ma vie, et retenez vos larmes,

Il n'y a pas d'amour heureux

 

Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure,

Je te porte dans moi comme un oiseau blessé,

Et ceux-là, sans savoir, nous regardent passer,

Répétant après moi ces mots que j'ai tressés

Et qui, pour tes grands yeux, tout aussitôt, moururent,

Il n'y a pas d'amour heureux

 

Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard,

Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson,

Ce qu'il faut de regret pour payer un frisson,

Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson,

Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare,

Il n'y a pas d'amour heureux

Retour Paroles          Retour textes            Retour Memoire            Retour Sommaire

 

LES MAINS D'ELSA ( Louis Aragon )

Donne -moi tes mains pour l'inquiétude,

Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé,

Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude

Donne-moi tes mains que je sois sauvé

 

Lorsque je les prends à mon propre piège

De paume et de peur, de hâte et d'émoi,

Lorsque je les prends comme une eau de neige,

Qui fuit de partout dans mes mains à moi

 

Sauras-tu jamais ce qui me traverse,

Qui me bouleverse et qui m'envahit,

Sauras-tu jamais ce qui me transperce,

Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli

 

Ce que dit ainsi le profond langage,

Ce parlé muet des sens animaux,

Sans bouche et sans yeux, miroir sans images,

Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots

 

Sauras-tu jamais ce que mes doigts pensent

D'une proie entre eux, un instant, tenue,

Sauras-tu jamais ce que leur silence,

Un éclair, aura connu d'inconnu

 

Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme,

S'y taise le monde au moins un moment,

Donne-moi tes mains, que mon âme y dorme,

Que mon âme y dorme éternellement

Retour textes            Retour Memoire            Retour Sommaire

Maj 21/08/2003