Valérie Valère : Laisse tomber la pluie sur tes yeux ( Ed. Plon - 1987 ) Roman posthume

" La vérité, c'est que tu as peur du bonheur, de l'amour, de toutes ces choses que tu ne connais pas et que tu préfèrerais poursuivre ta lamentable routine désespoir-douleur-déprime ! ".

Tu sais, c'est un peu comme quand tu vois la photo de quelqu'un qui est mort. Son visage est devant toi, souriant, accueillant et chaleureux mais tu sais que tout est fini, que cet être a disparu, que jamais tu ne le rencontreras. C'est peut-être une sorte de nostalgie, je ne sais pas.

Non. de nouveau je suis seul avec ces murs blancs sale sans regard et avec ces objets inutiles qui me narguent et m'accusent. Mes mains n'en peuvent plus de se crisper et mon coeur et ma tête vont éclater, je vais mourir, que me reste-t-il d'autre à part mourir ? sans toi, je ne suis rien, sans toi, je ne vis pas. J'ai écrasé ma cigarete dans ma paume, le souvenir était trop douloureux.

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Jean-Pierre Vidal : La fin de l’attente (Ed. Le temps qu’il fait - 1996)

La mort semble parfois si proche, comme une eau dans laquelle on pourrait plonger la main, la tête, pour trouver l’oubli. et cette chose se refuse aux mots. Sauf à ce mot parfait : disparaître. Mourir c’est disparaître . je pense à cette jeune femme qui vient de passer son premier hiver dans le tombeau. Je pense que son fils lui en veut d’être morte, lui en veut à crier, je pense que le jeune corps de sa mère lui manque, que les lèvres de sa mère lui manquent. Il est un silencieux, elle était silencieuse, peut-être les mots d e sa mère lui manquent-ils moins que ses lèvres.

Sentir presque à chaque seconde que la mort est là, c’est un vertige inconnu. On ne peut plus parler aux autres, on est dans une solitude absolue. Elle est si proche, si proche ! Chaque instant est brûlant. Elle est là, on peut pour commencer laisser aller sa main dans cette eau, qui n’est pas eau de mémoire mais eau d’oubli, de radical oubli.

Lire Bobin me fait du bien, me rend meilleur. Le lire continûment toutes ces semaines (dans le métro aussi bien : lecture ininterrompue, comme peut l’être la prière) est sans doute la meilleure façon de le lire. J’entends certaines critiques qu’on lui porte, mais c’est en le lisant que je fus toute une année, sans la moindre éclipse, un sourire bienfaisant devant une classe de 40 chats. Q’un écrivain me fasse capable de rendre heureux 40 enfants à la fois toute une année, sans jamais élever la voix, beaucoup se moqueront d’un si mince prodige. Et moi, je vous dis merci, Christian Bobin.

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Maj 16/11/2003