Laurent Sagalovitsch : La canne de Virginia ( Ed. Actes Sud -1998 )

Maintenant le monde est mort. Même si en surface rien ne semble avoir changé. Je ne sais pas comment je m'y suis pris pour survivre. Je crois que je suis vraiment un lâche. Qu'est ce qu'un lâche sinon un homme qui se sait condamné, qui sait que jamais, ô grand jamais, il ne retrouvera la paix sur terre, ou ailleurs, et qui, par peur, seulement par peur, continue de s'accrocher à des lambeaux d'une vie dont chaque jour s'apparente à un chemin de croix, chaque heure à une traversée blanche.
J'aimerais tellement que, si elle trouve un moment, elle vienne me chercher, que sans prévenir, pendant l'un de ces rares intermèdes où le sommeil veut bien de moi, elle me surprenne et m'enlève doucement, sans drame, en silence.
Depuis la dernière visite du médecin qui doit remonter à l'année dernière, j'ai décidé que je ne mourrai pas à l'hospice et encore moins sur un lit d'hôpital. Je finirai mes jours ici, dans cette maison. Je ne bougerai plus. Je n'appellerai pas un docteur pour qu'il vienne à mon secours. Je veux mourir seul. En paix. Sans infirmière pour s'affairer autour de mon corps sans vie. Sans personne pour déclarer que j'ai cessé de vivre à 6h43 du matin.

La souffrance peut parfois être une alliée, comme une raison de vivre, j'en sais quelque chose. [...] Depuis la mort de mon pauvre William. Quand, par désœuvrement, je me rends à l'église, c'est seulement pour Te confier ma douleur d'être seule, à jamais seule, privée du seul être que j'ai aimé, du seul être qui m'a aimée comme jamais on ne m'avait aimée, comme jamais on ne m'aimera. Vois-Tu ce n'est pas de la souffrance que je ressens. C'est bien pire, hélas. Comme une absence que je sais éternelle. Une blessure jamais guérie.

Jour après jour, j'assistais, impuissant, à son effondrement, je la voyais se traîner dans la maison, errant, égarée, de pièce en pièce, s'emparant d'n u livre dans la bibliothèque avant de le reposer la minute suivante au salon, passant des heures entières dans le jardin à psalmodier à mi-voix, repliée en elle-même, tellement inaccessible que je savais par expérience que dans ces moments-là où sa vie vacillait je ne lui étais, à mon grand désespoir, d'aucun secours.
Elle parlait peu, ne goûtait à aucun des plats que Louie, affolée de la voir décliner ainsi, s'ingéniait pourtant à lui préparer avec le plus grand soin ; son visage se creusait à vue d'œil et accusait une lassitude extrême, et même si son regard implorait encore qu'on vienne l'aider, qu'on vienne la sauver, sitôt que je m'approchais d'elle, elle se refermait encore un peu plus, regardait ailleurs et décidait, d'une façon aussi soudaine que déterminée, d'aller se promener. Ah, ses promenades ! Parfois elles s'éternisaient des après-midis entiers à battre la campagne avec sa canne, se moquant éperdument des bombes, des obus, des boulets qui pleuvaient sur son chemin. Peut-être, après tout, espérait-elle qu'une bombe finirait par l'emporter. Quand elle rentrait dégoulinante de pluie, je l'accueillais avec une serviette sèche dans le vestibule, et la tenant dans mes bras, j'avais cette horrible impression de serrer un corps mort, abritant une âme desséchée.

Décidément quelque chose ne tourne pas rond chez Madame. Je me fais tellement de souci à son sujet. Elle semble être si lointaine, si perdue dans ses pensées comme... comme mon William lorsqu'il est rentré du front. Ce même regard qui ne regarde plus, ces mêmes yeux plaintifs qui n'expriment plus qu'une atroce souffrance que rien sur cette terre ne saurait soulager. Les yeux sont les fenêtres de l'âme. Je me souviens avoir appris cela à l'école. Et quand je suis rentrée des commissions et que je l'ai vu, affaissé dans son fauteuil, la bouche entrouverte d'où ruisselait un simple filet de sang, j'ai tout de suite compris. Je n'ai même pas pleuré. Je savais que maintenant il allait pouvoir reposer en paix. Que plus jamais il ne se réveillerait en plein cœur de la nuit, trempé de sueur, les yeux exorbités par la peur, hurlant le nom de tous ses camarades morts au champ d'honneur. Au champ d'horreur. [...] Et William était revenu, une médaille accrochée à sa veste, mais ce n'était plus mon William. Ce n'était plus mon gamin, mais ce n'était pas un homme non plus. C'était juste une ombre qui avait eu le malheur de ne pas mourir au front. Qui avait eu la malchance de s'en tirer vivant. Des journées entières, il était resté assis dans son fauteuil, plongé dans un profond silence, le regard fixé au plafond. Il ne m'appartenait plus. Il était resté à jamais là-bas, dans ces tranchées, égaré dans le passé, perdu dans ses souvenirs. Quel gâchis. Et quand je vois Madame aujourd'hui, j'ai cette même impression que plus rien ne la retient à la vie. Non plus rien.

Même quand William s'est donné la mort, je n'ai pas été en colère contrre Toi. J'ai accepté sa mort. le médecin a dit que tu étais mort sur le coup et ça me suffisait. De savoir que tu n'avais pas souffert.

Je me fais tellement de souci à son sujet. A vrai dire, je crois bien que je ne l'ai jamais vue dans un tel état de délabrement aussi bien physique que mental. Elle semble si fatiguée, si lasse, tellement convaincue de la défaite prochaine de l'Angleterre, que toute perspective d'avenir l'a abandonnée. Jamais elle n'a été si résignée, si proche du gouffre. Même lors de sa précédente crise, elle avait toujours gardé au fond de son regard comme une sorte de lueur imperceptible, un signal salvateur que du plus profond de sa maladie elle m'envoyait, comme pour me signifier que même si la dépression s'abattait sur elle avec une rage dévastatrice, elle savait que tôt ou tard, peut-être demain, peut-être dans une semaine, elle reprendrait le dessus et redeviendrait cette femme que j'ai toujours chérie, un amour indéfectible que le temps a pris soin de transformer en une affection si grande que je ne peux m'imaginer de vivre sans elle. Je suis tellement conscient de vivre aux côtés d'une personne si étrange, à l'intelligence si pénétrante que tous les jours passés auprès d'elle sont autant de moments de grâce arrachés au destin, au temps, à l'existence, à ce que, benoîtement, et sans aucune trace d'ironie, j'appellerais la vie. Elle est ma vie, voilà tout. Ce n'est pas plus compliqué que cela, John. C'est même d'une simplicité enfantine. Mais tout cela vous le savez. Mieux que quiconque. Et je crois pouvoir affirmer qu'il n'existe pas de plus grande souffrance que de voir l'être que vous chérissez le plus au monde s'éloigner ainsi de vous sans que vous puissiez le retenir et le persuader de ne pas abandonner la lutte. Sa lutte intérieure. Sa lutte avec ses propres démons. Avec sa folie. Cette folie autodestructrice qui s'abat sur elle avec une force comparable à celle d'une tempête infernale, qui transforme les océans les plus tranquilles en des mers écumantes et bavantes de rage, dressant sur ces eaux indomptées des remparts de vagues qui déferlent en des flots incessants sur des rivages autrefois paisibles et désormais livrés aux caprices vengeurs du temps.

Et encore aujourd'hui, je me demande si avec le temps je n'ai pas tendance, par ce simple mécanisme de défense bassement humain qui veut que plus la souffrance est grande plus l'on sent poindre dans son âme désolée comme une sorte de grandeur imbécile à avoir ainsi cotoyé l'enfer sur terre, à rendre les événements encore plus pénibles qu'ils ne le furent vraiment. Et pourtant, malgré le poids des années, je crois pouvoir affirmer que je n'invente rien, que surtout je n'essaie à aucun prix d'enfériser la réalité, juste pour me rendre encore plus pitoyable que je ne le suis déjà, et assombrir ainsi d'une manière délibérée les souvenirs de ces heures aussi blanches que la mort elle-même. Ecrire ce genre de sentences me dégoûte autant qu'elles me soulagent. La grandiloquence est un sentiment tellement méprisable, n'est-ce pas ?
Parfois, quand je rentre de promenade et que je contemple cette bâtisse que le temps semble avoir voulu ignorer, comme s'il avait signé en secret un pacte de non-agression avec elle, j'ai cette stupide et néanmoins réelle certitude que je vais la revoir, que je vais me réveiller de mon cauchemar et que sitôt la porte entrouverte, elle se tiendra dans l'entrée à me vilipender d'être sorti par un temps pareil. Et puis j'ouvre la porte et bien entendu il n'y a personne. Personne. Juste ce silence glaçant qui m'accompagne jusque dans ce bureau où, vautré dans les marécages nauséabonds de mes morbides souvenirs, je me laisse aller à m'apitoyer sur mon sort. Eprouver de la compassion pour soi-même, n'est-ce pas, après tout, l'apanage de la vieillesse, son seul réconfort quand vous vous retrouvez à crever de solitude depuis des décennies et que cette solitude vous est devenue au fil des sjours passés impossible à admettre et pourtant admise. Et pourtant admise.
Voyez-vous, la disparition de l'être aimé, du seul être qui a compté dans votre vie, n'est en rien une séparation, pas plus qu'une déchirure. Elle n'est qu'une petite mort, la pire de toutes, une mort sans grandeur, livrée à prix réduit avec laquelle on tente malgré tout de s'accommoder et de lier une amitié indestructible. Je sais mes faiblesses. Mais après tout, le dégoût de soi, si profond soit-il, n'est-il pas qu'une façon de travestir la réalité et de l'apprivoiser ? A chacun ses armes. C'est ainsi que ma lâcheté est devenue ma plus fidèle amie, ma compagne de tous les jours, une hyène attentionnée qui me tient la tête hors de l'eau et m'oblige à survivre. Coûte que coûte. M'aide à me supporter. A ne pas céder à cette envie impérieuse de fracasser ma tête contre le premier mur rencontré. Et cette lâcheté à vivre, alors que plus rien ne me rattache à cette terre, me dégoûte au plus profond de moi-même. Me donne envie de vomir.

[...] et d'un seul coup sans prévenir, la fatigue tomba sur moi, et je compris que je ne la retrouverais pas vivante, en me retournant j'aperçus la vieille horloge de l'église qui marquait treize heures passées de quelques minutes, c'était trop tard maintenant, je le savais, je ralentissais mon pas, reprenais mon souffle, la pluie s'était calmée, ce n'était plus qu'une simple bruine inoffensive, je n'entendais plus le vrombissement des avions, mon cœur cessa de tambouriner, mon pouls s'apaisa, et tandis que je profitais d'un banc pour reprendre mon souffle, je commençais à apprivoiser sa mort, je ne sais pas comment l'expliquer autrement, j'apprivoisais sa mort, j'essayais de m'en faire une amie, alors que toute mon âme sanglotait de chagrin... J'étais là, accablé de douleur sur ce banc mouillé, et sur mes épaules meurtries, je ressentais l'épouvantable pesanteur du monde, comme si enfin, je pénétrais la vérité de l'existence. Je n'avais plus de défenses, je n'étais plus qu'un homme démuni, confronté à son destin. Comme si d'une manière aussi brutale que définitive le monde se révélait à moi avec une force et une intensité qui m'empêchaient de respirer et de penser. Longtemps, trop longtemps, je suis resté ainsi, hébété de douleur, la bouche entrouverte, égaré dans mes pensées, perdu à ce monde, et la seule chose que je regrettais, c'était d'avoir oublié de prendre avec moi cette petite boule de cyanure afin que ce banc s'engloutisse dans le sol et se transforme en pierre tombale...
Quand enfin, je me décidai à regagner la maison, l'horloge de l'église indiquait que la demie de treize heures était passée. J'ai retraversé le village, tel un fantôme, les magasins avaient tiré leurs rideaux de fer, et tout au long du chemin, je n'ai croisé personne ou alors je ne m'en souviens plus. Peut-être m'a-t-on adressé la parole, peut-être m'a-t-on dévisagé, peut-être une bombe s'est-elle écrasée à proximité, mais tout cela n'avait plus aucune importance désormais. Et puis, je ne saurais dire pourquoi, à un moment donné, j'ai quitté la route qui menait à
Monk's house, et sans réfléchir, comme si c'était dans l'ordre des choses, je me suis dirigé vers la rivière.

Je suis certaine de devenir folle à nouveau. Je sens que nous ne pouvons plus traverser une autre de ces affreuses périodes. Et je ne guérirai pas cette fois. Je commence à entendre des voix, et je ne puis plus me concentrer. Aussi vais-je faire ce qui semble le meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible. Tu as été pour moi tout ce que l'on peut être. Je ne crois pas que deux personnes aient pu être plus heureuses, jusqu'à ce que cette terrible maladie survienne. Je ne peux pas lutter plus longtemps. Je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler. Et tu vas le faire, je le sais. Tu vois je ne peux pas écrire cela correctement. Je ne peux pas lire. Ce que je veux te dire, c'est que je te dois tout le bonheur de ma vie. Tu as été incroyablement patient avec moi et incroyablement bon. Je veux dire cela - tout le monde le sait. Si quelqu'un avait pu me sauver, ç'aurait été toi. Tout m'a quitté, sauf la certitude de ta bonté. Je ne peux continuer de gâcher ta vie plus longtemps.
Je ne crois pas que deux personnes aient jamais pu être plus heureuses que nous ne l'avons été.

C'est sa canne que j'avais aperçue en premier. Elle se tenait là, droite, fière, insensible à la pluie qui tombait avec rage du ciel d'où dégringolaient dans une frénésie sanguinaire des chapelets de bombes qui venaient s'écraser autour de moi. Elle avait dû la planter là juste avant de s'avancer dans l'eau. Juste avant que la rivière ne se referme et ne l'engloutisse à tout jamais. [...]
Je comprenais que c'était ainsi qu'elle avait voulu sgnifier sa mort, apposer sa signature au bord de cette rivière comme pour mieux authentifier sa disparition, et en contemplant cette canne qui, stoïque, superbe de résistance, tenait tête aux éléments, je savais qu'à travers elle, par-delà sa mort, elle me disait que la vie devait continuer, que la bataille n'était pas perdue, qu'il ne fallait pas céder. Surtout pas. Non, tout comme cette canne qui vaillamment se tenait droite, malgré la pluie, malgré le vent, malgré les bombes, il fallait coûte que coûte, même si le ressort était brisé, même si mon âme meurtrie saignait, continuer à vivre. A vivre debout.
Je n'ai pas vécu debout. Je n'ai pas su. Je n'ai pas pu. Je me suis contenté de me survivre, de survivre à mes propres blessures afin de ne pas la décevoir. J'ai cessé de vivre. De respirer. De lutter. De croire. Je n'ai fait que ramper. Je me suis recroquevillé sur moi-même afin que plus rien ne m'atteigne. Je n'ai plus jamais ouvert un journal. J'ai jeté ma radio. Le sort du monde ne m'intéressait plus. Il pouvait crever maintenant. Je ne verserais même pas une larme sur lui. Il ne le méritait pas. Et j'ai attendu.

Ma vue se brouillait. Je confondais la rivière avec le ciel. Et malgré cet étourdissement, malgré cette sensation de m'enfoncer dans la terre, je comprenais qu'en se supprimant de la sorte, elle m'avait adressé le plus beau message de son amour. Il fallait qu'elle meure. Il le fallait. Il n'y avait pas d'autre issue. Plus aucune sortie de secours. Mourir avant qu'il ne soit trop tard. Eviter de s'éprendre d'une folie qui nous aurait détruit tous les deux. A petit feu. Qui nous aurait rendus amers l'un envers l'autre. Aurait brisé nos existences. Aurait transformé notre amour en une compassion qui aurait fini par se confondre avec de la pitié.[...]
Elle avait tourné le dos à ce destin qui l'attendait. Elle avait choisi sa mort et je ne lui en voulais pas. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je ne lui en ai jamais voulu. Je sais maintenant qu'il existe un moment où lorsque la souffrance de vivre devient trop intolérable, il vaut mieux s'avouer vaincu et partir alors qu'il est encore temps, alors qu'il vous reste un soupçon de lucidité. Après ce n'est plus qu'une question de courage et d'honnêteté. Ce n'est plus qu'un combat engagé contre soi-même. La plupart du temps, cette bataille, avant même de commencer, est perdue, un armistice illusoire est signé, et nous restons là, méprisables, à nous accrocher à une vie blafarde qui ne veut plus de nous. Où plus jamais aucune aube ne viendra nous surprendre. Où plus jamais l'insouciance ne nous accompagnera. Une existence mesquine où il ne reste, comme seul réconfort que des regrets, comme seule compagnie que des remords et où par-dessus tout demeure cette haine de soi si tenace et si prégnante qu'elle parvient, par une alchimie secrète et malfaisante, à faire front à votre propre dégoût d'être encore de ce monde.
C'est ainsi que j'ai vécu. Sans joie. Sans espoir. Juste conscient que je m'étais abîmé. Que j'étais devenu un figurant de ma propre existence. Juste un figurant, qui assiste l'air désintéressé, pas même désabusé, tout juste écœuré, à son naufrage.

Ta canne est toujours là. Elle n'a pas bougé. [...] En contrebas, juste à quelques mètes de moi, je peux entendre l'eau de la rivière portée par un courant que je devine rapide. Es-tu encore là ? M'attends-tu ? Attends-tu qu'à mon tour je me saisisse des pierres qui jonchent les berges et que je te rejoigne ? Je sais trop bien que non, que ce n'est pas ce que tu veux, que je dois vivre. Te survivre. Comprendre et surtout admettre que tu es morte pour me sauver, pour nous sauver. Si quelqu'un avait pu me sauver, ç'aurait été toi. Tout m'a quitté, sauf la certitude de ta bonté. Je ne peux continuer de gâcher ta vie plus longtemps.
Je me baisse pour ramasser quelques cailloux que je lance sans conviction dans la rivière. Ils ricochent sur l'eau ridée avant de disparaître dans ses profondeurs où tu dois te reposer maintenant. Où tu as enfin trouver la paix. Ta paix. Où enfin tu n'as plus peur, mon amour. Où personne ne viendra t'ennuyer. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Toi aussi, tu sais, tu as été mon seul bonheur sur cette terre.
Ce que je veux te dire, c'est que je te dois tout le bonheur de ma vie. Maintenant que tu m'as quittée je sais que je suis mort moi aussi. Mort à ce monde. Bien sûr je respire encore, bien sûr mon cœur continue de battre mais c'est tellement inutile. Maintenant je touche ta canne et c'est comme si je te touchais, comme si je te caressais, comme si je te prenais dans mes bras. Tout est si calme. Si tranquille. Si pur. Même le ciel semble s'être réconcilié avec le monde.

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Maj 07/06/2004